David Clarinval (MR) Vice-Premier ministre de Belgique, avec l’Emploi, l’EÌconomie et l’Agriculture: sur le marcheÌ du travail
David Clarinval au « Soir » : « Nous voulons plafonner les preÌavis de licenciement aÌ un an »
Ministre de l’Emploi et de l’Economie, David Clarinval (MR) illustre sa reÌforme du choÌmage, acquise, et annonce « la suite », aÌ savoir la « modernisation » du marcheÌ du travail, « avec la geÌneÌralisation des flexi-jobs, plus d’heures suppleÌmentaires, des horaires en accordeÌon, la limitation des preÌavis de licenciement »...
Par David Coppi
PublieÌ le 24/05/2025 aÌ 07:00
Jeudi, fin d’apreÌs-midi, rue Ducale aÌ Bruxelles, sieÌge du cabinet ministeÌriel. « EpuiseÌ », dit-il, apreÌs un kern qui s’eÌtait prolongeÌ dans la nuit, de longues neÌgociations ces derniers jours, ajoutez une seÌance aÌ la Chambre, mais « satisfait » d’avoir boucleÌ sa reÌforme du choÌmage, David Clarinval relance : « Je ne m’arreÌterai pas laÌ »...
Vous savez, je suis le premier ministre libeÌral de l’emploi depuis 104 ans au niveau feÌdeÌral, il y a un fameux retard aÌ rattraper
La reÌforme du choÌmage est programmeÌe,
c’est votre reÌforme phare comme ministre de l’Emploi et de l’Economie...
C’est une pieÌce dans le grand puzzle de l’Arizona, qui veut changer le pays, remettre la Belgique dans les standards europeÌens. Ce qui passe, en effet mais pas seulement, par des mesures socio- eÌconomiques. Et laÌ, bien suÌr, je pense aÌ la reÌforme du choÌmage dans mes compeÌtences, mais aussi par ailleurs aÌ la reÌforme fiscale, aÌ l’opeÌration de diminution des cotisations sociales pour les entreprises, toujours pour creÌer de l’emploi. Enfin, dans mon champ d’action, j’annonce deÌs aÌ preÌsent la modernisation et la flexibilisation du marcheÌ du travail, en d’autres termes la refonte de la leÌgislation du travail. ApreÌs celle du choÌmage, ce sera ma seconde grande reÌforme pour la leÌgislature.
En quoi consistera-t-elle ?
Elle comprendra la geÌneÌralisation des flexi-jobs, dans tous les domaines d’activiteÌ ; pour les entreprises, le reÌtablissement du systeÌme des clauses d’essai aÌ l’engagement de quelqu’un ; la suppression de l’un des trois jours ouÌ l’on peut s’absenter au boulot sans certificat meÌdical ; la possibiliteÌ d’avoir aÌ l’avenir des horaires de travail « en accordeÌon », modulables, avec des variations par semaine, par mois, par anneÌe ; l’extension et la facilitation des heures suppleÌmentaires ; eÌgalement, pour les nouvelles embauches, la limitation aÌ un an des preÌavis en cas de licenciement quelle que soit l’ancienneteÌ (lire par ailleurs) et aÌ six mois pour les candidats non eÌlus aux eÌlections sociales, qui ont une protection de deux ans jusqu’aÌ preÌsent... Au total, ce sera une modernisation profonde du marcheÌ du travail, qui passe par beaucoup plus de flexibiliteÌ. Toutes ces mesures sont en preÌparation. Je signale qu’en paralleÌle, il y a bien entendu la politique de remise au travail des malades de longue dureÌe de mon colleÌgue Frank Vandenbroucke.
Dans vos projets modifiant la leÌgislation du travail,
vous envisagez de toucher au roÌle des syndicats dans les entreprises ?
En tout cas, nous envisageons de sortir les syndicats du conseil d’administration de la Capac, cela figure dans l’accord de gouvernement. La situation est ubuesque aujourd’hui, les syndicats sieÌgent aÌ la Capac qui est en fait leur organisme concurrent en matieÌre de paiement des allocations de choÌmage ! Un peu comme si les patrons de Coca-Cola sieÌgeaient chez Pepsi...
Toutes ces mesures, choÌmage plus marcheÌ du travail, dessinent comme une reÌvolution libeÌrale...
... Mais c’est une reÌvolution libeÌrale. Elle est en route. Vous savez, je suis le premier ministre libeÌral de l’emploi depuis 104 ans au niveau feÌdeÌral, il y a un fameux retard aÌ rattraper. Vous aurez compris qu’avec l’Arizona, nous n’allons pas tergiverser.
Revenons aÌ la reÌforme du choÌmage,
qui se produira en trois eÌtapes en 2026,
ce n’eÌtait pas preÌvu au deÌpart.
Combien de personnes seront-elles impacteÌes ?
ApreÌs avoir dialogueÌ avec les partenaires sociaux et les ReÌgions, j’ai adapteÌ le projet de deÌpart sur diffeÌrents points, notamment avec le phasage de l’opeÌration, en trois eÌtapes. 24.000 personnes (au choÌmage depuis plus de 20 ans, NDLR) seront concerneÌes par la privation d’allocations le premier janvier 2026, 45.000 autres (depuis plus de 8 ans, NDLR) au premier mars, 45.000 encore (depuis moins de 8 ans, NDLR) au premier avril, ce qui fait 114.000 personnes au total. C’est la premieÌre vague. Il y en aura une deuxieÌme en juillet, 60.000 personnes suppleÌmentaires. Viendront ensuite s’ajouter les choÌmeurs de longue dureÌe arrivant au bout de leurs deux ans en 2027. Tous recevront un courrier de l’Onem six mois avant les eÌcheÌances afin de les preÌvenir qu’ils sont susceptibles de perdre leur allocation. J’espeÌre que beaucoup d’entre eux s’activeront, chercheront du travail, il y a des places aÌ prendre, par exemple dans les meÌtiers en peÌnurie.
Les allocations d’insertion ne sont pas eÌpargneÌes.
Elles seront un peu plus facilement accessibles mais limiteÌes aÌ un an.
Les peÌriodes assimileÌes, de maladie, ou apreÌs un accident de travail,
n’entreront plus en ligne de compte pour avoir le droit de beÌneÌficier d’allocations de choÌmage...
Seules compteront les peÌriodes de travail. En Belgique, il est beaucoup trop facile d’obtenir un certificat meÌdical, meÌme s’il y a, eÌvidemment, des gens qui sont vraiment malades ou victimes d’accidents de travail... En fait, les peÌriodes ouÌ ils ne travaillent pas n’influeront pas neÌgativement dans le calcul du droit au choÌmage, elles seront juste mises entre parentheÌses, neutraliseÌes, on n’en tiendra pas compte dans l’eÌvaluation. Comme dans tout ce que nous faisons, le but est d’encourager le travail.
Quant aÌ l’octroi des allocations de garantie de revenus – les AGR –, il ne sera, lui, pas limiteÌ dans le temps.
C’est l’une des adaptations dont je vous ai parleÌ, cela concerne le compleÌment Onem attribueÌ aux personnes travaillant aÌ temps partiel, maintenu indeÌfiniment. C’est logique, l’Arizona encourage les gens qui travaillent. En l’occurrence, elle incite aÌ travailler au moins aÌ mi-temps, car c’est la condition pour garder le compleÌment en question.
La reÌforme du choÌmage permettra au gouvernement,
explique-t-on dans l’Arizona, de reÌaliser des eÌconomies.
Votre estimation pour l’ensemble de la leÌgislature ?
L’on eÌconomisera au moins 5 milliards d’euros net.
La reÌforme du choÌmage peÌsera socialement et financieÌrement surtout sur le sud du pays, la Flandre regarde.
Il y a plus de choÌmeurs en Wallonie qu’en Flandre, et plus encore aÌ Bruxelles, donc l’impact de la reÌforme sera supeÌrieur au sud du pays, en effet. Le Forem et Actiris devront prendre leurs responsabiliteÌs, se restructurer, s’adapter de telle sorte aÌ œuvrer efficacement aÌ la reÌinsertion d’un maximum de gens sur le marcheÌ du travail, sans oublier les CPAS vers lesquels seront redirigeÌs les exclus du choÌmage qui n’ont pas trouveÌ de job. Les choses bougent deÌjaÌ, on s’organise. Sauf aÌ Bruxelles, malheureusement. L’absence d’un gouvernement est treÌs inquieÌtante.
Avez-vous la conviction aujourd’hui qu’on ne reviendra plus aÌ l’avenir sur cette reÌforme du choÌmage ?
Imaginons un prochain gouvernement aÌ majoriteÌ socialiste...
... Il ne reviendrait pas en arrieÌre. Il n’y a aucun pays au monde ouÌ les allocations de choÌmage sont octroyeÌes aÌ vie. En Allemagne avec les socialistes au pouvoir, en France quand ils y eÌtaient, le choÌmage a eÌteÌ limiteÌ dans le temps.
Vooruit reÌpeÌte qu’il met en balance son feu vert aÌ la reÌforme du choÌmage avec l’instauration d’une taxe sur les plus-values.
Il y a un gentlemen’s agreement entre nous, les deux chantiers sont lieÌs. Il n’y a pas d’accord aÌ ce jour sur les modaliteÌs, mais le MR est loyal, nous trouverons une issue, nous voulons juste que cette taxe vise les speÌculateurs, pas les classes moyennes. Le seul criteÌre ferme figurant dans le projet sur la table, celui du ministre Jan Jambon, c’est la limitation de temps, de dix ans : les plus-values sur les actifs financiers seraient exoneÌreÌes apreÌs une deÌtention continue de dix ans. C’est une bonne base de discussion.
En toile de fond, il y a le rapport accablant de la Cour des comptes pour le budget feÌdeÌral, qui seÌme le doute sur les projets de l’Arizona dans leur ensemble.
Il est seÌveÌre, c’est vrai, mais cela ne m’inquieÌte pas, car le gouvernement exeÌcutera ses reÌformes au pas de charge, elles produiront leurs effets, notre volontarisme fera la diffeÌrence, vous verrez.
Analyse
Par David Coppi
Vice-Premier ministre appliqueÌ surtout aÌ contrecarrer les partenaires socialistes et eÌcologistes sous la Vivaldi, David Clarinval respire dans l’Arizona, ouÌ il peut manœuvrer plus aÌ l’aise pour imposer l’agenda libeÌral, avec la beÌneÌdiction de Bart De Wever au Seize, et les encouragements de Georges- Louis Bouchez, son preÌsident de parti jamais treÌs loin – toujours treÌs preÌs.
ReÌsultat : une reÌforme du choÌmage « historique », et une autre, annonceÌe, du marcheÌ du travail qui ne le sera pas moins si le ministre de l’Emploi et de l’Economie parvient aÌ mettre en œuvre la seÌrie de mesures envisageÌes, des flexi-jobs aux heures suppleÌmentaires ou les preÌavis de licenciement, on en passe.
La reÌforme du choÌmage + celle de la leÌgislation sur le travail = « une reÌvolution libeÌrale », dit David Clarinval. Une « reÌvolution », notons-le, qui nous fait juste rejoindre le peloton europeÌen, et nous conformer dans le domaine socio-eÌconomique aux « standards » libeÌraux dominants dans l’Union, inspireÌs par la Commission europeÌenne et ses «experts».
A cette question, dans notre interview, regardant la reÌforme du choÌmage et la limitation des allocations dans le temps : « Pensez-vous qu’un prochain gouvernement pourrait revenir en
arrieÌre ? », David Clarinval reÌpond « non » sans heÌsiter. C’est un pheÌnomeÌne politique majeur : les reÌformes structurelles mises en œuvre, en emploi, pensions, marcheÌ du travail, entre autres, sont comme enracineÌes. Un remake du fameux « Tina », « There is no alternative » – il n’y a pas d’autre choix –, de Margaret Thatcher il y a plus de trente ans. Si l’on devait reÌsumer sommairement en politique : la droite est sur le coup, la gauche est ailleurs.
https://www.lesoir.be/677503/article/2025-05-24/david-clarinval-au-soir-nous-voulons-plafonner- les-preavis-de-licenciement-un
Mesures d’eÌconomiesouhaiteÌes
par le MR
Quand le gouvernement francophone lorgne sur les millions des mouvements engageÌs politiquement
La FeÌdeÌration Wallonie-Bruxelles subventionne les centres d’eÌtude politique, les organisations de jeunesse et les centres d’archives aÌ hauteur de 20 millions par an. A l’heure de confectionner le budget 2026 dans la douleur, ça donne des ideÌes d’eÌconomies.
Par Eric Burgraff
PublieÌ le 24/09/2025 aÌ 23:11
Juillet 2014, la deÌclaration de politique communautaire du gouvernement MR-Les EngageÌs annonçait la couleur : l’argent de la CommunauteÌ française ne doit plus servir aÌ financer la diffusion d’ideÌes politiques. Septembre 2025, alors qu’on gratte les fonds de tiroir, cette reÌsolution fait eÌcho au budget 2026 en preÌparation. Un groupe de travail chargeÌ de deÌgrossir l’affaire s’est inteÌresseÌ de preÌs, de treÌs preÌs, aux dizaines d’associations beÌneÌficiant des largesses francophones en tant qu’organisations de jeunesse, associations d’eÌducation permanente ou centres d’archives. Le Soir a pu prendre connaissance d’une note explosive sur le sujet.
Quels organes et quelles eÌconomies se profilent derrieÌre ces appellations geÌneÌriques ? Deux sceÌnarios circulent, une version minimaliste porteÌe par Les EngageÌs et une version maximaliste deÌfendue par le MR. La premieÌre (des EngageÌs donc) vise les associations clairement infeÌodeÌes aux partis. Les centres d’eÌtudes Jean Gol (MR), Emile Vandervelde (PS), Jacques Georgin (DeÌfi), Etopia (Ecolo) et le CPCP (proche des EngageÌs). Elle vise eÌgalement Ecolo J, GeÌneÌration engageÌe, DeÌfi, le Mouvement des jeunes socialistes, le Mouvement de jeunes Comac et les Jeunes MR. A noter que les organes lieÌs au PS, au MR, aux EngageÌs et aÌ Ecolo touchent de l’argent sur les trois tableaux (jeunesse, eÌducation permanente et centre d’archives). En 2025, ensemble, ils ont reçu
3,167 millions d’euros dont, par exemple, 492.000 euros pour les libeÌraux ou 466.000 pour les socialistes.
Dans ce sceÌnario il est preÌvu d’eÌlaborer un texte reÌglementaire stipulant qu’une « organisation sollicitant une subvention aupreÌs de la FWB devra deÌmontrer son indeÌpendance vis-aÌ-vis de toute formation politique ». Il sera compliqueÌ de le faire pour les groupements preÌciteÌs... Il est donc question de les « exclure de tout financement de la FWB ». Et hop 3,167 millions possiblement eÌconomiseÌs.
Une addition aÌ 20,57 millions
La suite, le sceÌnario deux, porteÌ par le MR, risque d’eÌtre beaucoup plus douloureuse. A la formule de base s’ajoute une vingtaine d’organismes reconnus en eÌducation permanente, souvent ancreÌs au centre ou aÌ gauche. Et de lister l’ACRF (femmes en milieu rural), Action Vivre ensemble, Alteo, Article 27, PreÌsence et action culturelles, Centre d’eÌducation populaire AndreÌ Genot (CEPAG), Mouvement ouvrier chreÌtien (MOC), EneÌo, Gsara, Soralia, Centre socialiste d’eÌducation permanente, Clara, FeÌdeÌration des associations de parents de l’enseignement officiel (Fapeo) et du libre (Ufapec). S’y ajoutent les jeunes FGTB, les jeunes CSC, la FeÌdeÌration et le ComiteÌ des eÌleÌves francophones, la FeÌdeÌration des eÌtudiants francophones, le Cium (eÌtudiants en meÌdecine), JML, Latitude jeunes, Ocarina, etc. Addition annuelle : 20,57 millions d’euros. Et autant de gagneÌ si d’aucuns avaient envie de faire table rase de l’existant.
https://www.lesoir.be/700977/article/2025-09-24/quand-le-gouvernement-francophone-lorgne-sur- les-millions-des-mouvements-engages
Plus d’heures aÌ prester pour les profs, plus d’eÌconomies pour la RTBF...
voici les mesures sur la table de la FWB
Un rapport d’experts, commandeÌ par Elisabeth Degryse, estime que « reÌduire le deÌficit est une neÌcessiteÌ urgente et absolue » et proÌne toute une seÌrie de mesures radicales aÌ reÌaliser.
Par Charlotte Hutin et SteÌphane Vande Velde PublieÌ le 24/09/2025 aÌ 21:03
Pour se faire accompagner et objectiver les eÌconomies aÌ reÌaliser, Elisabeth Degryse, la ministre- preÌsidente de la FeÌdeÌration Wallonie-Bruxelles, avait demandeÌ aÌ un comiteÌ de onze experts de faire un audit des finances de la FWB et de deÌgager des pistes d’eÌconomies. Le comiteÌ, qui comprenait notamment Marie Goransson, Philippe Defeyt, Delphine Van Hoolandt ou Jean Hindriks, s’est reÌuni aÌ sept reprises et a fourni un rapport de 41 pages, base de deÌpart pour le conclave budgeÌtaire en cours aÌ la FWB. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le rapport deÌpote, puisqu’il estime les eÌconomies « d’une neÌcessiteÌ absolue », « d’une extreÌme urgence », et insiste sur le fait que l’objectif budgeÌtaire actuel n’est qu’une premieÌre eÌtape.
C’est dans l’enseignement obligatoire (fondamental et secondaire) que le comiteÌ d’experts cible le plus d’eÌconomies aÌ reÌaliser. Le secteur concentre aÌ lui seul sept milliards d’euros des couÌts annuels, soit 54 % du budget total de la FWB. Dans ce domaine, 85 % du budget est consacreÌ aÌ la reÌmuneÌration du personnel. « Au sein de l’Union europeÌenne, la FWB deÌpense plus que la moyennedes autres pays europeÌens sans deÌmontrer des reÌsultats aÌ la hauteur de ces deÌpenses suppleÌmentaires », note le comiteÌ d’experts, qui pointe notamment les bareÌmes salariaux avantageux ou la plus faible charge horaire des enseignants. Sur base de ces comparaisons internationales, il estime donc « qu’il serait possible de deÌpenser moins, tout en continuant aÌ ameÌliorer la qualiteÌ et l’eÌquiteÌ de l’enseignement obligatoire en FWB ».
ReÌduire la masse salariale
Parmi les mesures d’eÌconomie envisageÌes, le comiteÌ d’experts « met en garde » le gouvernement sur les conseÌquences financieÌres de la reÌforme de la formation initiale des enseignants (RFIE). Avec l’allongement des parcours d’eÌtudes et la masterisation de tous les futurs enseignants, l’introduction d’un nouveau bareÌme 401 ferait peser 500 millions aÌ un milliard d’euros par an suppleÌmentaire sur les eÌpaules de la FWB.
Parmi les autres dispositions visant aÌ reÌduire la masse salariale, les experts citent : l’augmentation de la charge horaire des enseignants du secondaire, en particulier celle des profs d’eÌducation physique et d’eÌducation artistique, la modeÌration de la progression salariale, la limitation du nombre de petites classes (en 2022-23, 16 % des classes du secondaire ordinaire comptaient moins de dix eÌleÌves) et la diminution du nombre d’heures de cours par semaine pour les eÌleÌves.
Pas de CDIE, mais une reÌvision du statut
Le rapport cible eÌgalement les avantages lieÌs au statut des enseignants (les disponibiliteÌs preÌceÌdant l’aÌge de la retraite, les possibiliteÌs de deÌtachement, le « pot maladie ») et plaide pour une reÌvision, voire une suppression de ceux-ci. A la place, il plaide pour un ameÌnagement du temps de travail des enseignants en fin de carrieÌre.
En revanche, le panel d’experts estime que la reÌforme envisageÌe par la majoriteÌ MR-EngageÌs visant aÌ revoir le statut des enseignants, et passer de la nomination aÌ un CDIE, pourrait avoir un impact budgeÌtaire « treÌs conseÌquent ».
Enfin, en matieÌre d’eÌducation, le rapport plaide pour le maintien de la feuille de route preÌvue par le Pacte d’excellence, qui vise aÌ terme des eÌconomies et effets retours. Au-delaÌ de ce qui a deÌjaÌ eÌteÌ reÌaliseÌ dans l’enseignement qualifiant, le Pacte preÌvoit de reÌduire le nombre d’eÌquivalents temps plein, notamment avec l’allongement du tronc commun jusqu’en troisieÌme secondaire, ainsi que le recours au redoublement. Le comiteÌ se dit toutefois interpelleÌ par l’accroissement des couÌts lieÌ aÌ l’accompagnement des enfants aÌ besoins speÌcifiques.
Davantage d’eÌconomies aÌ la RTBF
Dans l’enseignement pour adultes, ce rapport proÌne la fusion de certains eÌtablissements eÌtant donneÌ la diminution du nombre d’eÌtudiants. Dans l’enseignement supeÌrieur, les experts rappellent que les deÌpenses par eÌtudiant sont infeÌrieures de 22 % aÌ ceux de la CommunauteÌ flamande et proÌnent donc l’augmentation de recettes (releÌvement harmoniseÌ du minerval et une reÌforme des allocations d’eÌtudes) et la mise en place du modeÌle Dies, « qui permet une contribution plus importante des eÌtudiants europeÌens tout en soutenant la mobiliteÌ internationale des eÌtudiants ». Cependant, pour effectuer des eÌconomies, les experts pointent la lutte contre l’eÌchec et la reÌduction des eÌtudes (avec notamment la revalorisation des formations de type court) « inversement aux politiques meneÌes reÌcemment (...) dans les eÌtudes de kineÌs et d’infirmerie ».
Dans le secteur de la petite enfance, le rapport estime qu’il faut reconsideÌrer le financement dit Milac (qui preÌvoit le subventionnement de 1,5 pueÌricultrice pour sept enfants, alors que la norme actuelle est d’une pour sept) et deÌfend la facturation par forfait mensuel plutoÌt qu’aÌ la journeÌe dans les creÌches subventionneÌes. Par contre, le rapport insiste sur la neÌcessiteÌ du maintien et la creÌation de nouvelles places « en faisant glisser certaines eÌconomies pour renforcer le soutien de l’ONE auxstructures non subventionneÌes ».
Dans l’audiovisuel, c’est une nouvelle fois la RTBF qui est viseÌe. « La VRT a une dotation de meÌme grandeur pour un public cible deux fois supeÌrieur. Le comiteÌ est persuadeÌ que des eÌconomies significatives sont possibles tout en preÌservant la qualiteÌ de l’information (...) en remettant en question une seÌrie de projets. » Par contre, les experts doutent de la reÌforme des meÌdias de proximiteÌ. « Il convient d’en relativiser la porteÌe et s’assurer que ces efforts n’affectent pas la qualiteÌ du service offert en matieÌre d’information de proximiteÌ. »
Suppression de centres Adeps
En culture, plusieurs pistes doivent, selon les experts, eÌtre encourageÌes comme « limiter le recours aux subventions facultatives », « encourager les acteurs culturels aÌ revoir leur politique tarifaire » ou « la mise en place d’un meÌcanisme permettant le meÌceÌnat via des dons ou des legs ». En sport, parent pauvre du budget de la FeÌdeÌration Wallonie-Bruxelles, certaines pistes sont preÌconiseÌes comme « la rationalisation du nombre de feÌdeÌrations sportives » ou « la reÌduction du nombre de centres sportifs Adeps ». Enfin, le comiteÌ d’experts estime qu’il y a des eÌconomies aÌ effectuer au sein « du fonctionnement du gouvernement et de son administration » et pointe du doigt le nombre trop eÌleveÌ d’agents deÌtacheÌs au sein des cabinets et demande « de restreindre cette pratique ».
Pour conclure, ce rapport eÌmet un avertissement : « Compte tenu des impacts sociaux lieÌs aux eÌconomies budgeÌtaires, le comiteÌ insiste sur la neÌcessiteÌ d’eÌlaborer en paralleÌle un plan de transition sociale soutenable pour les organisations concerneÌes. »
https://www.lesoir.be/700960/article/2025-09-24/plus-dheures-prester-pour-les-profs-plus- deconomies-pour-la-rtbf-voici-les
ouÌ MR ne souhaite
pas faire d’eÌconomies
Hauts salaires : coup dur pour la SeÌcu
Depuis juillet, les employeurs de salarieÌs treÌs (treÌs) bien reÌmuneÌreÌs ne paient plus de cotisations patronales au-delaÌ de 340.000 euros brut par an. Une mesure qui privera la seÌcuriteÌ sociale de 75 millions d’euros deÌs 2026.
Par Margot Vermeylen
PublieÌ le 23/09/2025 aÌ 21:32
Qu’ont en commun les stars du football, les ingeÌnieurs de haut vol et les patrons de cabinets de conseil ? Leur salaire. Leur treÌs, treÌs haut salaire meÌme. Et, deÌsormais, une autre particulariteÌ : depuis le 1er juillet 2025, leurs employeurs ne paient plus de cotisations patronales au-delaÌ d’un certain plafond. Jusqu’ici, les cotisations patronales eÌtaient calculeÌes sur la totaliteÌ du salaire.DeÌsormais, elles seront nulles sur la tranche de salaire deÌpassant 85.000 euros brut par trimestre, soit 340.000 euros par an. Une reÌforme qui touchera environ 1.700 personnes en 2026 : un tiers de sportifs – principalement des footballeurs – et, pour le reste, surtout des cadres du priveÌ, cabinets de conseil et sieÌges sociaux en teÌte (27 %).
CouÌt de la « non-recette » pour l’Etat : 37 millions en 2025 – vu l’entreÌe en vigueur en milieu d’anneÌe – et 75 millions pour 2026, selon le cabinet du ministre de l’Emploi, David Clarinval (MR), qui porte la mesure avec Frank Vandenbroucke (Affaires sociales, Vooruit). Un choix qui surprend : aÌ l’heure ouÌ, en France, les avantages fiscaux pour les plus riches sont pointeÌs du doigt et ouÌ la « taxe Zucman » gagne du terrain dans le deÌbat public, la Belgique, elle, choisit donc de creÌer une nouvelle niche... pour ses plus hauts salaires. Pourtant, ce n’est pas comme si l’argent coulait aÌ flots dans les caisses de l’Etat : le comiteÌ de monitoring a deÌjaÌ annonceÌ un deÌficit feÌdeÌral de 26,2 milliards d’euros en 2026.
Alors pourquoi ? « Pour reÌtablir la compeÌtitiviteÌ belge », reÌpond le gouvernement. Avec un argument : notre pays a le couÌt du travail parmi les plus eÌleveÌs du monde. « Nous ne voulons pas toucher aÌ l’indexation automatique, donc nous agissons sur deux leviers : baisser les cotisations sociales et moderniser le marcheÌ du travail », deÌfend David Clarinval. Et le ministre rappelle : « Cette mesure s’inscrit dans un plan plus large d’alleÌgements pour preÌs d’un milliard d’euros, dont 900 millions destineÌs aux bas salaires. » Certes. Mais la disproportion interpelle : un cadeau aÌ 75 millions d’euros pour 1.700 hauts revenus (soit 44.000 euros d’eÌconomie en moyenne par teÌte), contre 900 millions aÌ reÌpartir sur des dizaines – ou des centaines, on n’a pas d’estimation au niveau des cabinets – de milliers de travailleurs, pour des montants forceÌment plus modestes par personne.
« Trop d’impoÌt tue l’impoÌt »
Pourtant, n’eÌtait-ce pas aux eÌpaules les plus larges de contribuer le plus, comme l’avait promis le gouvernement ? Oui, reÌpond le ministre de l’Emploi, mais leurs employeurs contribueront toujours aÌ hauteur de 85.000 euros de cotisations patronales pour un salaire annuel de 500.000 euros, contre 125.000 avant la reÌforme. Et encore faut-il que les eÌpaules les plus larges restent sur notre territoire, ajoute le ministre de l’Emploi. L’argument est connu : « Trop d’impoÌt tue l’impoÌt. Nous sommes en concurrence avec nos pays voisins qui ont d’autres reÌgimes. Quand vous atteignez un certain niveau d’impoÌt, les gens s’en vont, tout simplement. Nombreux sont les hauts salaires qui se domicilient au Luxembourg tout en travaillant ici. Ou alors, les entreprises belges qui deÌtiennent une filiale au Luxembourg paient les salaires de laÌ-bas. »
Un argument rejoint par Emmanuel DegreÌve, conseiller fiscal chez Deg&Partners, qui rappelle qu’il existait une diffeÌrence entre les indeÌpendants, dont les cotisations sociales sont plafonneÌes, et les salarieÌs, qui n’avaient pas de plafond : « Tout traitement diffeÌrencieÌ en matieÌre fiscale et sociale creÌe des possibiliteÌs d’optimisation. En reÌduisant cette diffeÌrence (meÌme si les plafonds ne sont pas identiques, NDLR), on diminue le risque que des hauts revenus basculent artificiellement vers un statut d’indeÌpendant ou creÌent une socieÌteÌ pour percevoir leur salaire. »
L’espoir est donc multiple : retenir les hauts salaires, en attirer de nouveaux et, aÌ terme, reÌcolter davantage de cotisations. Mais la probabiliteÌ que ça fonctionne n’a pas eÌteÌ eÌvalueÌe. Pour l’instant, c’est bel et bien une non-recette, pas une rentreÌe suppleÌmentaire.
https://www.lesoir.be/700746/article/2025-09-23/plafonnement-des-cotisations-sur-les-hauts- salaires-coup-dur-pour-la-secu